Cimaises
Interventions d'étudiants
A la suite d’une première visite au Frac, en décembre 2016, alors que sa directrice, Véronique Souben, lors d’une présentation, esquisse les lignes directrices, les articulations entre les œuvres, de la prochaine exposition Posters, elle propose aux étudiants d’intervenir sur une cimaise à l’entrée de l’espace d’accrochage. Sur cette cimaise, les étudiants pourraient venir ponctuer, poursuivre leur réflexion sur l’affiche par des affiches.
Ils ont carte blanche, ils ont un mur blanc.
Ils ont deux cadres : cette exposition au Frac (la thématique, le choix des œuvres, le lieu Frac) et l’atelier de sérigraphie de Yann Owens (espace conceptuel et pédagogique).
Les étudiants se documentent, ils rassemblent tout ce qui concerne l’exposition (croquis, photographies prises lors de la présentation, noms et reproductions des œuvres qui seront exposées, la communication du Frac conçue par le studio akatre, le plan du frac… ). Ainsi, ils répertorient les œuvres et tout ce qui est le hors-champs de ces œuvres. En parallèle de cette documentation, émergent des questions sur l’exposition, la notion de collection (toutes les œuvres sont issues de collections publiques françaises) et la nature de ce support média : l’affiche (des graphistes), le poster (des artistes) (Quel est le statut d’une affiche ? L’affiche est-elle un document, une trace ? un ça-a-été ? Quelle peut être sa valeur créative. Au cœur de ces interrogations, la notion de multiple, particulièrement centrale dans un atelier de sérigraphie). Les étudiants souhaitent faire éclater la notion de cadres imposés pour mieux révéler le contexte (qui donne à réfléchir cette idée de poster, comment…).
Dans un premier temps, les étudiants superposent, amalgament l’ensemble de la documentation et du questionnement. Ils sont pris dans la complexité : un mille-feuille d’éléments qui constitue l’histoire de cette exposition, un pêle-mêle, presque un trompe-l’Œil réponse à la surenchère visuelle par la surenchère visuelle.
Dans un second temps, un principe se pose : à l’intérieur des affiches 70-100 cm, l’espace central demeurera un « white rectangle » : 50-65 cm de blanc. Est rejeté dans un cadre symbolique le travail de documentation des étudiants, soit les éléments qui constituent la logique et la recherche autour de cette exposition. Ici, dans ce hors-champs matérialité, on pourra remarquer la liste des œuvres de Ruppersberg, des plans du Frac…
Chaque mois, deux « images » seront créées sur le même principe, elles seront en diptyques. Les cadres sont composés en bichromie (argent et noir,…)
Que serait qu’une affiche (de graphiste) pour une exposition (d’artistes dans une institution artistique) ? La question se complexifie quand l’exposition est collective et porte sur l’affiche d’artistes.
Une affiche serait une fenêtre qui orienterait les regards sur un point de vue, un actuel.
L’affiche n’est qu’une surface papier (ou même si elle est numérique elle imite le papier) qui cadre et délimite (des informations, des institutions culturelles, des images-visions).
L’affiche est un élément de plus dans le discours de médiation d’une œuvre ou d’une institution. L’affiche est un paratexte qui informe, date, visualise un ordonnancement visuel.
L’affiche est une surface de projections.
L’affiche est, parfois, un acte qui réinterroge, ses modalités sensibles et intelligibles, de conceptions.